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Buffy est-elle féministe ?Pondu par Justine_ le 30 avril 2012
Justine se penche sur Buffy contre les vampires et son aspect féministe méconnu : à travers des personnages féminins tous plus puissants les uns que les autres, cette série a-t-elle contribué à changer les mentalités ?
NB : Cet article contient des spoilers sur la série Buffy contre les vampires.
Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, nous avions causé de Twilight et de ses aspects peu féministes, et certaines d’entre vous avaient rebondi en parlant de Buffy, la tueuse de vampires chère à nos cœurs. Eh bien, vous savez quoi ? L’autre jour, j’ai tapé « Buffy » dans un moteur de recherche de revues en sciences sociales. Serious bizness, c’est parti !
Dans un article pour Le Temps des Médias, Vanessa Bertho s’intéresse à l’héroïne sanguinaire et donne quelques éléments de réponse à la question suivante : Buffy Summers incarne-t-elle le pouvoir féminin ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, récapitulons : Buffy Summers, entre 1997 et 2003 (1998 et 2004 pour les frenchies – l’heure n’était pas encore au streaming), pendant 7 saisons et 144 épisodes, c’était l’héroïne de Buffy contre les vampires, une lycéenne qui vivait sa vie d’adolescente ET de tueuse de vampires. Rien que ça.
Buffy, un parcours vers l’émancipation
C’est peut-être ça qui nous a enthousiasmées à l’époque : pour acquérir son indépendance et devenir une femme moderne, la jeune fille doit à la fois surmonter des obstacles quotidiens et surnaturels. Buffy a des forces et des faiblesses, elle doute, rejette parfois sa mission d’Élue, exprime son souhait d’être une jeune adulte « normale ».
Avec Buffy (et selon Vanessa Bertho), Joss Whedon a renversé les codes habituels du genre : la figure incarnée par Sarah Michelle Gellar est blonde, jolie, adopte un style vestimentaire à la mode (je veux dire, à la mode de 1997, hein), mais n’est pas cantonnée à la simple image de la « blonde fatale ». Elle répond aux critères de la société occidentale mais est en même temps une figure féministe, une femme dotée de pouvoirs surnaturels (capacités de guérison rapides, sang magique et aphrodisiaque pour les bloodsuckers, etc.), une femme qui manie les armes et se bat aussi bien que les hommes (si ce n’est mieux). Loin de l’image habituelle de la blonde inintéressante et agressée, Buffy devient l’agresseur et s’entoure de femmes fortes (Willow, Anya, Dawn). À juste titre, l’auteure de l’article souligne que Buffy « n’attend pas que son prince charmant vienne la délivrer, [elle] va le délivrer elle-même ».
Au fil des épisodes, Joss Whedon aurait créé une véritable mythologie des Tueuses de vampires, installant autour de Buffy une dynastie d’Élues, de Tueuses potentielles, qui auraient le pouvoir de sauver le monde. Pour Vanessa Bertho, l’apothéose féministe de la série tient dans le monologue de fin – lorsque Buffy souhaite transmettre son pouvoir aux Potentielles :
« Imaginez que vous avez ce pouvoir, maintenant, à chaque génération une Tueuse vient au monde parce qu’une bande de types qui sont morts il y a des milliers d’années ont fixé les règles du jeu. Ces hommes étaient puissants, et cette femme [Willow] est plus puissante que tous ces hommes réunis. Alors, changeons les règles de ce jeu. Moi je dis que mon pouvoir devrait être votre pouvoir. Demain Willow utilisera l’essence de la faux pour changer notre destin. À partir de maintenant toutes les Tueuses Potentielles qui attendent de par le monde deviendront des Tueuses. Toutes les filles qui attendent d’avoir le pouvoir auront ce pouvoir. Celles qui étaient soumises résisteront enfin. Des Tueuses, chacune d’entre nous. Faites un premier pas, êtes-vous prêtes à être fortes ? »
Franchement, je ne veux pas faire ma neu-neu, mais quand j’ai lu cette citation dans l’article, je n’en pouvais plus (j’ai un peu levé le poing).
Une flopée de figures féminines
Le truc encore plus merveilleux, c’est que la série nous offre bien d’autres figures féminines et féministes. Les sorcières y tiennent notamment une place de choix, oscillant entre une image féministe positive (elles ont beaucoup de pouvoir) et un aspect contemporain et consensuel (les sorcières sont méchantes et exclues de la société). Par ce paradoxe, la série prend une distance par rapport à l’image classique de la sorcière (qui serait uniquement une « force du mal »). Par exemple, Willow – qui est probablement la sorcière la plus emblématique de la série (à la fois par l’importance de ses pouvoirs et par la récurrence de sa présence), illustre à merveille les choses : son rôle est essentiel, ses pouvoirs prennent de l’ampleur au fil des saisons, mais elle passe malgré tout par une phase « sorcière classique 666 » lors de la saison 6 (où elle se tourne vers la magie noire et souhaite provoquer une apocalypse).
Et des hommes faiblards
Généralement en position d’infériorité (ça change), les hommes de la série enfilent parfois un costume négatif : le père de Buffy est absent, son beau-père se conduit de façon abusive (Buffy le tue – mais bon, c’était un robot), le proviseur du lycée s’oppose à l’héroïne (il finit par mourir aussi)… Les monstres que doit affronter le personnage de Sarah Michelle Gellar sont très souvent des hommes – ce qui renforce l’aspect féministe de la série (aspect qui sera également renforcé par le sort que Buffy réserve aux personnages misogynes ; elle castre par exemple un prêtre au service du Mal assassinant exclusivement des femmes).
Égérie des figures masculines « faibles », Alex (que Bertho qualifie de « princesse en détresse) n’a pas de pouvoir et devra souvent être protégé par ses acolytes féminines… Pour sa part, le fameux Spike sera parfois effrayant, parfois en position d’infériorité (une sombre histoire de puce implantée dans le cerveau et qui rendrait impuissant… mouhahaha).
Finalement, Buffy contre les vampires pourrait bien avoir plus de profondeur que ce qu’on pouvait croire. En mettant en valeur des héroïnes féministes positives, la série serait « à la fois reflet et vecteur d’un pouvoir croissant et revendicatif » : elle serait l’image d’une société où les rôles genrés évoluent, où les femmes se sont émancipées et chercherait ainsi à transmettre un autre « modèle féminin ». Et je crois que ça a fait du bien – peut-être aussi que ça manque un peu dans le paysage audiovisuel actuel.